L'église de Clary

 

    En 1164, l'évêque Nicolas confirme à l'abbaye d'Honnecourt la jouissance de plusieurs « autels », dont celui de Clary : «...Nous étant réunis en assemblée et notre cher abbé Gérard en ayant exprimé le désir,...,avons décidé de confirmer à jamais au monastère d' Honnecourt les autels dont nous avons la charge .... :   naturellement l'autel de Clary avec Caullery et le reste de ses dépendances, autels qui s'acquittent intégralement de deux aides suivant la Coutume du pays de Cambrai, à nous et à nos ministres.» 
Ceci ne signifie pas que l'église de Clary n'existait pas
auparavant, mais c'est la première mention écrite connue de l'édifice

    La paroisse étant du patronat de St Pierre d'Honnecourt, on célébrait «la dédicace» de l’église par une «ducasse» le jour de la fête du saint patron. Cette fête avait lieu, jusqu'en 1914, le dimanche le plus près du 1er août, jour de la fête de St Pierre-aux-Liens. La paroisse de Clary a deux autres patrons : St Quentin et St Druon, qui sont présents dans l'église par leurs autels, leurs vitraux, leurs statues ; les initiales S.Q. et S.D. figurent également à l'extérieur de l'édifice aux extrémités du transept.

    L' archiviste de la Sté d' Emulation de Cambrai écrivit au 19ème siècle «Clary possède une église bâtie en 1767 et un clocher qui date de 1589. Le cimetière est attenant à l'église» . La première date citée est erronée, puisque la cuve baptismale que l'on peut voir en face de l'autel de St Druon atteste une date antérieure : «JE SVIS A CLARI EN CAMBRESIS. AN 1690» et que le bénitier en grès que l'on utilise encore à l'entrée de l'église date de 1693. En 1747, le curé Vasseur procède à l'adjudication des bancs et places dans l'église ; en 1750, le même curé, le prévôt et les échevins vendent des matériaux et mobiliers anciens , venant d'une église antérieure. L'année suivante, il dresse un inventaire qui atteste que son église est parfaitement dotée en meubles, objets sacrés et accessoires destinés au culte.

    La première description de l'édifice date de 1799. Comme 405 autres églises paroissiales du diocèse de Cambrai, l'église de Clary fut vendue au profit de la Nation, en exécution d'une loi de brumaire an V. Guislain Boursiez, arpenteur expert chargé de l'estimer, fait la description suivante : «Eglise de 50 pieds environ de longueur et de 40 pieds de largeur (16,50m x 13,20m) ; le chœur de 22 pieds environ de longueur et de 22 pieds de largeur (7,20m x 7,20m) ; de 18 pieds de hauteur (6 mètres). Bâtie en pierre de taille, briques, etc... Le clocher en pierre de taille etc.. Tenant à la rue de la Cavée . Couverte en ardoise».
Estimée 2000 F. L'adjudication atteint le prix de 31.000 F et des
paroissiens la rachètent aussitôt, ce qui lui évite d'être détruite.

    Cependant, pendant la Révolution, on avait arraché plusieurs ancres de la maçonnerie de «la Tour de la Commune» et, peu à peu, la poussée des trois voûtes très pesantes (elles mesurent 5,50m x 4,70m et ont chacune 1,50 m d'épaisseur) fait s'écarter les quatre murs de la tour. En 1819, il faudra démolir les deux voûtes supérieures et on les remplacera par des planchers en poutres de chêne. En 1806/1807, on avait restauré «le beffroi» (la flèche) qui surmontait le tour du clocher. En 1827, c'est la toiture de l'église qui a besoin de réparations urgentes. Il faudra remplacer 130m² d'ardoises.

    En 1850, on envisage d'agrandir l'église et de reconstruire un clocher. Les travaux débutent en mai 1855 et, après une inspection infructueuse des puits voisins de l'église «pour pénétrer dans les souterrains sur lesquels on suppose que l'église est construite», on démolit le clocher et le pignon ouest. On vend les pierres blanches avec lesquelles était construite l'église précédente. Durant les travaux qui durent quatre années, on établit un beffroi provisoire en bois, pour l'usage de la cloche.


(en pointillés : la tour de 1589 et l'église précédente. En hachures : l'agrandissement)

    Comme le montre le plan, on agrandit l'ancienne église de trois travées, y compris le nouveau clocher. L'agrandissement faisant partie d'un plan général, que les ressources de la commune ne permettent pas d'exécuter dans son ensemble à l'époque, nécessitera un raccordement des piliers nouveaux avec les anciens au moyen d'arcades. La nouvelle nef a 8,50m, l'ancienne n'avait que 7,50m. Le raccordement entre les deux parties de l'église est non seulement d'inégale largeur mais aussi d'inégale hauteur, et le chœur se trouve surbaissé par rapport à la partie antérieure de l'église. Réception définitive du gros œuvre en janvier 1859. Il faudra encore plusieurs années pour achever les travaux. Le Chemin de Croix est béni en 1868 et des fonts baptismaux sont créés en 1869/1870 (la cuve baptismale de 1690 ne sera retrouvée qu'en 1976...) En 1880, on décide d'acquérir des orgues. Elles seront financées en très grande partie par le Doyen Senneville.

    En 1890 on reprend les plans d'une église importante «adaptée aux besoins de la population du chef-lieu de canton». Les travaux débutent en juin 1897 et il ne faudra pas moins de trois années pour conduire à bien l' achèvement de l'édifice. La tribune construite pour accueillir les orgues ne sera utilisée que peu de temps en raison de difficultés de choristes pour gravir l'escalier y donnant accès.


Le  plan de l'église achevée et ses états antérieurs.

 

    En mars 1931, on constate que le clocher se lézarde et que la tour qui la supporte s'enfonce dans le sol , des crevasses apparaissent dans la voûte de la nef et dans les murs latéraux. Il faut d'urgence étayer la voûte de la nef, enlever les cloches, démonter l'orgue (qui se trouvait à la tribune), démonter l'horloge. On effectue des sondages et on surveille deux fois par jour les mouvements des différents piliers, contreforts et murs de la partie ouest de l'église. Le conseil municipal est contraint de décider la démolition du clocher et d'envisager la consolidation de l'édifice, par la constitution de puits en béton armé reliés entre eux par des poutres de béton armé

    On creusera 44 puits de 18m de profondeur (sauf sous le clocher où il faudra descendre à 23m pour atteindre la craie) et l'entreprise Dehée coulera 428 500 m² de béton !
    Les travaux dureront jusqu'en novembre 1932. L'élégant clocher (qui avait été atteint par un obus allié en octobre 1918, juste au-dessous de l'horloge) a été remplacé par le clocher ajouré en béton armé que nous connaissons.

    En 1972, le béton du clocher se détériore et, pour éviter tout risque d'accident, une « corbeille » est installée à sa base pour recueillir les morceaux susceptibles de se détacher du clocher L'idée prévaut alors qu'il faudra se résoudre à démolir le clocher malade et à en reconstruire un autre, en profitant de l'opération pour doter l'église d'un clocher traditionnel, plus en harmonie avec l'ensemble construit en briques. De 1980 à 1984, de nombreuses «Opérations Clocher» sont mises sur pied pour rassembler les fonds indispensables pour obtenir des subventions : concerts de gala, 1200 photographies mises en vente, appels lancés auprès des Clarysiens éloignés et collectes de dons généreux. En 1987, un groupe de réflexion animé par de doctes architectes a estimé que notre clocher en béton était une merveille... et il a fallu accepter de le restaurer.


Vue aérienne de l'église en 1976.

 

L'environnement de l'église a été considérablement amélioré par la création d'un parking pour voitures sur le côté gauche de l'édifice, par l'aménagement du parvis et par le fleurissement de l'ensemble.
En 1993-1994, l'intérieur de l'église a subi un lifting complet et a été entièrement repeint.
En 1997, un éclairage du clocher a été mis en place, qui permet des illuminations du plus bel effet pour les fêtes de fin d'année.
En 2005, la réparation et la protection des vitraux vont être entreprises. Les vitraux ont subi beaucoup de blessures depuis quelques années.

 

Henri MONTIGNY

 

dernière mise à jour de cette page : 14 août 2010