Les souterrains de Clary

 

                Le sous-sol de Clary recèle des galeries souterraines, en grande partie effondrées, et dont l'existence s'est révélée à l'occasion de travaux importants ou lors d'affaissements du sol. Nous ne sommes pas, bien sûr, en présence d'un réseau structuré et conservé, comme à Naours dans la Somme, mais on ne peut nier l'existence très ancienne de galeries souterraines.
                Des souterrains, quelle agglomération du Cambrésis n'en possède pas ? Ou n'en a pas possédés, car souvent on a oublié au cours des siècles leurs accès et jusqu'à leurs tracés exacts. Clary n'échappe pas à la généralité et ses « souterrains » existent, même s'ils ne sont plus mentionnés par les anciens que pour évoquer le souvenir de telle ou telle circonstance qui les sortit de l'oubli.
                Qui a creusé les souterrains sous nos villes et nos villages, à quelle époque et pour quels besoins ? Très souvent, les avis divergent, et aucune preuve définitive n'est apportée aux assertions des uns et des autres. Cependant, à côté des légendes de souterrains creusés pour faire circuler secrètement des carrosses royaux ou des moines..., des recherches sérieuses ont montré qu'à l'origine du creusement des souterrains était le besoin de se procurer des matériaux de construction : on creusait un puits, on atteignait la couche de pierre blanche ou grise, on élargissait la carrière souterraine en une « chambre » et, extrayant toujours le matériau recherché, on creusait une ou plusieurs galeries.
                Par la suite, ces galeries souterraines devenues sans objet parce qu'on avait épuisé ce qu'elles pouvaient fournir à l'époque, étaient délaissées. Mais on les retrouvait à l'occasion des guerres et des invasions : alors, elles étaient aménagées, consolidées, prolongées, mises en communication et leur accès dérobé à la vue des ennemis, pour servir d'abris ou de simples « muches ».
                Ce fut par exemple le cas à la fin du règne de LOUIS XIV , quand le Cambrésis et le Hainaut furent le principal théâtre de la guerre entre les armées du Roi Soleil - qui avaient cessé de faire trembler le monde - et celles des « Alliés » (Anglais, Allemands, Hollandais, Portugais ) commandées par Marlborough et le prince Eugène. Ces Alliés campaient dès 1711 entre Le Cateau et Landrecies et répandaient l'effroi dans tous les villages par leurs cruautés, leurs rapines et leur ardeur à la destruction. La commune voisine de Maretz en souffrit terriblement dans la nuit du 14 au 15 juillet 1712.
                Après avoir pillé et saccagé d'autres villages, ne respectant pas plus les églises et les châteaux que les habitations des gens les plus pauvres et les plus inoffensifs, brûlant archives communales et ornements d'églises, ils se ruèrent sur Maretz en poussant des hurlements qui rappelaient ceux des hordes barbares d'antan. A leur approche, nos voisins crurent trouver dans le cimetière un asile inviolable pour eux et pour leurs bestiaux. Ils n'y furent pas longtemps en sûreté car les farouches Anglais se mirent à les massacrer. Alors, ils se réfugièrent dans le clocher, au nombre de 300. Mais sans hésiter un seul instant, les Anglais y mirent le feu et, hurlant comme des bêtes féroces, imitant les contorsions et les cris que la douleur et le désespoir arrachaient à nos malheureux voisins, ils sautaient et dansaient autour du clocher qui bientôt enveloppa de ses flammes, ou écrasa sous ses ruines, tous ceux qui s'y étaient réfugiés ! Nullement rassasiés de sang et de carnage, les Anglais se répandirent ensuite dans les rues du village pour achever leur œuvre de destruction. Tout ce qui tomba sous leurs mains fut massacré et brûlé. Le peu de personnes qui échappèrent à leur férocité en fuyant dans les bois se virent réduites à la plus complète misère. Sans abri, sans nourriture, épuisées de douleur et d'effroi, elles n'osaient plus sortir de leur retraite pour venir contempler la scène de désolation que représentait alors leur village.
                La nouvelle de ce forfait épouvantable fut très vite connue à Clary et se répandit à plusieurs lieues à la ronde. Chaque village craignit d'avoir bientôt le même sort que Maretz et l'on s'empressa de mettre en lieu sûr ce que l'on avait de plus précieux. Il y a fort à penser que les souterrains de Clary et les muches de ses puits furent utilisées à cette occasion, et que des guetteurs se relayèrent dans le clocher pour donner l'alarme au moindre danger.
                L'existence de souterrains est attestée par M. Coulmon, curé-doyen de Clary, à l'occasion de l'agrandissement de l’Eglise en 1855. Celui-ci tient, jour après jour, un « Registre aux affaires pour l'agrandissement de l’Eglise et la reconstruction du Clocher de l’Eglise de Clary ». Ce document très instructif est conservé au Musée Municipal de Cambrai, dans les « papiers Debaralle ». On y apprend, par exemple, que le 20 juillet 1855, M. Plantain, maçon adjudicataire des travaux, a visité les deux puits repérés ci-dessous sur le pal cadastral de 1853, « pour pénétrer dans les souterrains sur lesquels on suppose que l'église est construite ».

 

                Le maçon n'a rien trouvé dans la premier puits visité, celui situé à l'emplacement de l'entrée actuelle du Plateau Scolaire (1), mais il a trouvé « au fond du puits Bourlet (Antoine Jean Roch Bourlet),à 80 pieds de l'orifice (soit environ 26 mètres de profondeur) une porté murée qui paraît être l'entrée d'un souterrain allant vers l' église. Mais le puits, en cet endroit, ayant de 12 à 15 pieds dé diamètre (4 à 5 m), nous avons renoncé à fouiller le souterrain de l’Eglise » (2) Ce puits était attenant à la maison désignée actuellement comme la plus ancienne de Clary (construite en 1719, n° 822 sur le plan cadastral de 1853). Nous n'avons décelé, dans ses deux caves visitées en 1960, aucun accès à un souterrain.
                M. Coulmon fait percer un puits dans le cimetière qui entourait alors l’Eglise, « vis-à-vis ma grand' porte de cour » pour rencontrer un autre souterrain, mais c'est en vain.

                L'accès à une chambre, ou à une simple muche, ou à un souterrain comme dans le puits n° 2 que nous venons de mentionner, nous sera plusieurs fois attesté, nous en reparlerons.
                Poursuivons notre enquête et examinons d'autres témoignages. D'abord, celui de Damas Leroy, à propos d'extraction de pierres dans les souterrains :

 

                La carrière souterraine a été retrouvée en 1987, en bordure du CD 45, en direction d’Elincourt. Deux affaissements de terrain dans une parcelle de terre appartenant à Jean-Pierre Lefebvre ont motivé l'interrogation du Service de l’Inspection des Carrières Souterraines, et un forage a permis la visite des lieux :
                Le 27 mars 1985, au lieu-dit « la Saultière », parcelle cadastrale Z.E.50, était survenu un premier affaissement de terrain, formant une excavation de 7 mètres de profondeur, mesurant 1,50 m de diamètre seulement en surface mais 6 mètres de diamètre au fond. L'examen des parois de l'affaissement, fait par un technicien du Service des Carrières, permettait d'attester déjà une exploitation probable de craie. A cet endroit, le toit du tuffeau est à 1 mètre de profondeur et on atteint celui de la craie à seulement 2 mètres de profondeur. L'effondrement fut comblé par les soins des Services de l’Equipement, ainsi qu'un léger affaissement circulaire remarqué à proximité. D'autres affaissements sur le C.D.45 furent également réparés en 1985, sur instructions de M. Tonin. On en restait, en 1985, à une hypothèse très plausible... à vérifier.
                Un second effondrement s'est produit sur la même parcelle de terrain à la fin de l'hiver 86/87, à quelques dizaines de mètres du précédent. L'entonnoir produit était plus important : environ 6 mètres de diamètre en surface. Il fut comblé en mars 1987 mais cette fois, le Service des Carrières fit procéder à un sondage du terrain et la caméra fixée à l'extrémité de la sonde, révéla bientôt la présence d'une galerie importante, dont la voûte était à 9,30 m de profondeur. La vrille des puisatiers entra en action, à proximité de la route ; le puits fut équipé d'une échelle de descente et la reconnaissance de la carrière put avoir lieu.
                M. Jean-Pierre Lefebvre participa à la visite de M. Bivert, Ingénieur des travaux. Nous lui devons la communication des photos que nous publions, ainsi que celle du croquis dressé et la description de ce qui fut observé à l'occasion de cette unique descente.

                A la base de l'échelle (repère 1 du croquis), on se trouve sur l'amoncellement des matériaux dégagés du puits. Les profondeurs indiquées sur le croquis sont celles mesurées dans le puits. Sous le C.D.45, une extraction de pierres est interrompue dans une galerie, à environ 3 m du bord de la chaussée. Vers Iris, une seconde galerie est obstruée par un affaissement ancien du terrain. Descendu de l'amoncellement où l'on est arrivé, on découvre la carrière, qui a environ 7 mètres de hauteur.
Aucune trace de maçonnerie, mais un « plafond » fait d'une série de voûtes taillées dans la pierre calcaire.

                D'un gros pilier central, (2) en mauvais état, partent des voûtes qui aboutissent à d'autres piliers entre lesquels sont des départs de galeries.

                Sur le pilier central (2). Deux noms sont gravés dans la pierre blanche (3) Damas et Millot. Pour le premier graffiti, il s'agit sans doute du prénom du piqueur de 1838. L'autre pourrait être le nom de Jean-Baptiste Millot, adjoint au maire de l'époque M.Desmarest.

                A l'opposé du couloir d'arrivée. Une galerie présente, de chaque côté et au plafond - parfaitement horizontal à cet endroit des entailles rectilignes réalisées vraisemblablement pour l'établissement de I huisserie d'une porte (4) Peu après, amoncellement du comblement de l'effondrement de mars 1985. On peut avancer l'hypothèse que se trouvait là l'entrée de la carrière, à la base du plan incliné d'accès. Autour du rond-point central, on distingue les traces de l'extraction de blocs « du volume d'une chaise » Le calcaire est blanc et tendre les parois ont pris, par endroits, une couleur verdâtre causée par des infiltrations d’eau.
                En un lieu plus central de Clary, l'affaissement de 1912 qui causa la destruction de l’Ecole des Filles, à l'angle des rues de la Cavée et Dîme (aujourd'hui rues des Combattants en A.F.N. et du Commandant Delattre), révéla l'existence de « galeries » interrompues par des murs et en partie remblayées. Voici un extrait du rapport de M. Garet, architecte :
                « S'il y a une différence de niveau de 1,80 m entre les classes et la rue, c'est parce que le niveau de la rue a été abaissé après la construction de l'immeuble (antérieure à 1838). Les fondations du mur de façade ont ainsi été mises à découvert presque entièrement, et les eaux de pluie ont miné les fondations et détrempé le terrain. Un violent orage récent a raviné encore davantage le sol. De plus, il se trouve, dans la partie ancienne des bâtiments, de vieilles caves et même des galeries dont on ignore la direction et l'importance, puisqu'elles ont été murées et remblayées. L'eau, en s'infiltrant sous les fondations et par un trou qui s'est ouvert sous la voie publique à l'emplacement d'une ancienne descente de cave, entraînant les terres de remblai vers des galeries plus profondes, il s'en est suivi un effondrement des carrelages et des excavations se sont produites ; de plus, les murs et voûtes sont crevassés. Le mur de façade est actuellement étayé mais il ne repose plus sur aucune base solide. Il est à craindre que d'autres murs aient été minés également par les eaux d'infiltration ».
                L'architecte M. GARET estime qu'il y a danger pour les institutrices d'habiter encore leurs logements situés dans les combles de l'école et qu'une démolition s’impose. Seule, l'école maternelle pourrait être conservée, mais elle ne le sera pas.
                L'orientation des galeries se révélera parallèle à la rue Dîme (aujourd'hui rue du Cdt Delattre) et elles pourraient être la continuation des galeries parallèles à la façade nord de l'Eglise dont parlera l'architecte E. Gaillard après l'affaissement de 1931. Ajoutons qu'un affaissement important de terrain survenu vers 1912 au lieu-dit « Les Quatorze » fut associé à l'existence supposée d'un souterrain reliant l’Eglise de Clary et… un autre lieu ... Un attelage de la ferme Piette qui travaillait un champ situé en haut du talus bordant le chemin d' Hurtevent, fut subitement entraîné dans une excavation très profonde. L'ouvrier réussit de justesse à éviter la chute, mais le cheval blessé ne fut remonté qu'à l'aide d'une chevrette et il fallut l’abattre.

                 L'existence de souterrains Clarysiens redevint d'actualité en 1931 lors de l'affaissement de l’Eglise. Au mois de mars, on constate que le clocher se lézarde et que la tour qui le supporte s'enfonce dans le sol. Cette tour est reliée au reste de l'édifice par des chaînages, il s'ensuit un entraînement de la nef par la tour, qui se traduit par des crevasses de la voûte, de la nef et des murs latéraux.
                Des spécialistes sont appelés et les mesures d'urgence sont décidées : étaiement de la voûte de la nef, enlèvement des cloches, démontage de l'orgue qui se trouvait à la tribune, démontage de l'horloge , percement de sondages pour déterminer la nature du sous-sol, surveillance du mouvement des différents piliers, contreforts et murs de la partie ouest de l'Eglise, par nivellement effectué deux fois par jour par M. Debut ;
                Le Chanoine Godon, géologue, est consulté. Il explique que le sous-sol supportant notre église est formé de couches de limon, de glaise, de tuffeau gréseux, de sable, sans aucune régularité de disposition, ces couches ayant été amenées par un éboulement dans la vallée créé par l'érosion. L'eau de la partie nord du village est arrêtée par une couche imperméable d'argile et vient se déverser dans cette agglomération de couches, dissolvant la craie et entraînant le sable dans les poches ainsi créées. Le sous-sol caverneux est liquéfié par le déversement des eaux qui viennent de la partie nord du plateau... La conclusion s'impose vite : il y a grand danger de voir le mouvement ébauché se poursuivre, et amener un écroulement de tout l'édifice !
                On ignore à cette époque (on a oublié ?) la présence des souterrains, dont un au moins a été reconnu en 1855 lors de l'agrandissement de l'église. Les travaux ultérieurs en mettront plusieurs en évidence, sous l'église même.
                Mais il est certain que la masse du clocher (environ 1200 tonnes), concentrée sur une faible surface, est la cause essentielle de son enfoncement dans un sous-sol insuffisamment compact. On décide donc de démonter le clocher et d'entreprendre des travaux de soutènement d'une partie de l'édifice par des puits bétonnés et reliés entre eux. Des difficultés particulières sont rencontrées sous le clocher, où se trouve du « sable roulant » Pour éviter des accidents, on doit tuber chaque puits au fur et à mesure de l'avancement des travaux et laisser les tubages en place. A cet endroit, les puits n'ont atteint la craie qu'à 22 ou 23 mètres de profondeur.
                Durant les travaux de forage des puits, les ouvriers ont découvert des souterrains et ont percé les voûtes de trois galeries superposées. Bien sûr, les galeries ont été visitées par le Maire et le surveillant des travaux Des plans en ont été dressés par M. Ernest Gaillard, architecte à Cambrai. Malheureusement, les archives de celui-ci ont été pillées par les Allemands en 1942 et il n'a pu retrouver trace de ses relevés. Il nous a néanmoins précisé en 1965: « Mes souvenirs me permettent de vous préciser que les théories du Chanoine Godon, émises avant les travaux, se sont révélées inexactes ... Il y avait des galeries, en parties maçonnées, qui longeaient la façade nord de l’Eglise, au départ du clocher…»
               
M. le Doyen Marcant mentionne dans le Registre Paroissial en 1932 les observations des chanoines Godon et Delépine qui attribuaient l'affaissement de l’Eglise à des phénomènes géologiques, mais il atteste également que « Les premiers travaux ont fait découvrir sous l'église une magnifique sape voûtée qui partait de l'ancienne église (au commencement de la 3ème travée actuelle) et descendait peu à peu ... Elle n'a pas été exploitée, les travaux de soutènement l'ont coupée. » M. le Doyen Duverger, rappelant ce témoignage y ajoutait une précision « descente aux souterrains par le chevet de l’Eglise (sous le chœur) ; cette entrée permettait le passage de chariots attelés » ;
                M. Jules Trouillet faisait partie des ouvriers employés aux travaux ; il a parcouru, avec d'autres, les galeries, une bougie à la main. Il décrit des murs de pierre blanche et des voûtes en briques scellées au mortier. Le sol des galeries est en terre battue et les visiteurs n'y ont rien trouvé de mémorable.
                Une première galerie se dirigeait vers le sud-est et elle a été parcourue jusqu'au niveau (estimé) de la rue Asse. Le souterrain était muré à cet endroit Les explorateurs se trouvaient-ils sous la cave de l'ancienne maison de Quentin Millot (n° 25 de la rue Asse) dont une pièce entière s'affaissa par la suite ?
                Une seconde galerie fut suivie vers le nord jusqu'au puits Deligne de la Place des Ecossais. A partir du puits, les chandelles se soufflaient et les chercheurs n'ont pu poursuivre plus avant vers le nord ; ils ont imaginé que la galerie se dirigeait vers la ferme de M. Jacques Millot, rue des Moulins. Nous observons que des affaissements ont eu lieu à la même époque « vers le Calvaire » et plus récemment dans l'allée menant au Cimetière, ce qui ferait pour la galerie un tracé presque rectiligne. Pour ce dernier affaissement de 1964, précisons qu'il se produisit sur l'emplacement d'un puits abandonné adossé à la maison Fontenelle (autrefois maison Leriche) et que Jules Lasselin, maire, y a déversé une trentaine de tombereaux de terre en deux jours de travail, ce qui représente un volume de plus de 37 mètres cubes de terre, pour combler l'affaissement.
                Une troisième galerie, murée au niveau du clocher actuel, se dirigeait vers l'ouest, en direction de la rue Dîme ; plusieurs murs de refend ont été démolis pour progresser et une sortie fut découverte rue du Petit Paris sur le « chantier de charbons » de Jules Herbet. Là était également un puits de 40 m de profondeur, avec une entrée de galerie se dirigeant vers l’Eglise. Il a été, depuis, couvert par une dalle de béton. Cette troisième galerie était plus profonde que les galeries signalées dans le rapport Garet de 1912, lors de l'affaissement de l’Ecole des Filles.
                La quatrième galerie, située d'abord sous la précédente, se dirigeait vers le puits situé dans l'angle des bâtiments du presbytère et de la Clarysienne (puits n° 2 du plan cadastral reproduit précédemment). Correspondait-elle à une entrée dissimulée dans une cave profonde du voisinage ?
                On ne peut que regretter la perte des archives de M. Gaillard, qui semblent avoir été la seule trace écrite de ces découvertes et explorations de 1931.
                Jules Trouillet mentionnait le puits Deligne de la Place des Ecossais. Il n'existe plus. Comblé, il fut remis en évidence par un affaissement en 1966. Il était situé sur le trottoir longeant la Pharmacie et le magasin « Les Coopérateurs ».Il fallut 7 camions de terre, tassée par la moto-pompe des sapeurs-pompiers, pour combler l'effondrement. Nous avons visité le sous-sol en 1967 depuis la cave du magasin.
                De la cave de l'ancienne auberge à l'enseigne de « La Croix Blanche », 17 marches partant du niveau moins 3 mètres aboutissent à une galerie, en partie murée en direction du chœur de l' Eglise et obstruée par des effondrements en direction du nord . Nous sommes là très près du puits construit en 1780 par Pierre-Joseph Tellier contre le pignon de sa brasserie et voûté au début du XXème siècle par Appolon Leriche. Du puits, on pouvait accéder à une galerie orientée nord-sud et aux caves voisines.
                Nous pûmes la même année, recueillir le témoignage de M. Delattre, premier gérant du magasin Coop, et par lui, celui de Mme Fontaine, brasseuse. Son mari, propriétaire de la brasserie avant M. Sauvage, avait fait construire, vers 1911, un mur en travers la galerie communiquant avec le puits, pour interdire l'accès de sa cave, ayant eu à déplorer la disparition de nombreuses bouteilles de vin...

                La galerie C., dans laquelle ses ouvriers avaient trouvé une réserve de farine bien conservée, au cours d'une année sèche où le puits manquait d'eau, rejoignait - disait Mme Fontaine - le puits situé derrière le chœur de l’Eglise. Et elle pensait que, durant la guerre 14-18, les occupants allemands avaient trouvé une communication entre cette cave et l’Eglise ?...

                M le doyen Duverger nous a indiqué en 1965 qu'il existait deux entrées de souterrains depuis la cave du presbytère. Les descentes étaient rapidement obstruées par des éboulements. Notre photographie montre l'escalier de pierres observé dans la cave du presbytère. M. Duverger assurait que de la 2ème cave, on accédait à un souterrain se dirigeant vers la Cavée (rue des Combattants en AFN) et à un autre se dirigeant vers le Fayt (Place de la Victoire).

 

                Dans la cave de l'ancienne Clarysienne (n°2 du Tour de l' Eglise) une descente d'escalier est complètement bouchée ; elle ne laisse paraître, au niveau du sol de la cave que sa clef de voûte
                Nous avons visité récemment une cave de laquelle partait un accès à un souterrain. Au n° 5 de la rue Miroux, la cave de la maison possède une voûte faite de belles « barres rouges » (alternance de pierre blanche et de brique). Manifestement, elle a servi de cave à un tisseur puisqu'on y voit encore l'emplacement de la « verrère » qui recevait le jour du sud (côté rue). La voûte (une seule arcade) s'incline vers le nord. Le mur de droite a été reconstruit en briques dans sa première moitié, à partir de l'escalier de descente qui débouche dans l'angle nord-est. La deuxième partie qui rétrécit la largeur de la cave, plus ancienne, est faite de silex, de pierres et de matériaux divers grossièrement maçonnés Au milieu de ce mur ancien, un passage étroit (60 cm). a été maçonné en briques. Il fait accéder, par deux hautes marches (on descend d'environ 60 cm), à une galerie bien conservée d'environ 1,70 m de hauteur à la voûte et d'un mètre de largeur.

 

                 Les murs de la galerie sont faits de belles pierres blanches taillées, parfaitement assemblées au mortier. Le voûte est également en pierres blanches et le sol est en terre battue. Cette galerie souterraine, orientée est-ouest, n'a plus qu'une longueur d'environ 2,60 mètres. Vers le Béguinage (vers la rue de l' Eglise), à environ un mètre des marches, elle est entièrement obstruée par un mur de grosses pierres mal assemblées (un ancien propriétaire aurait bouché le souterrain « pour empêcher la circulation des rats ») A l’ opposé est un mur maçonné constitué des mêmes pierres blanches que celles de la galerie ; on peut se demander si ce mur n'est pas de la même époque ? Cette galerie permettait vraisemblablement de rejoindre le souterrain sud-nord dont nous avons observé un court tronçon subsistant au niveau du puits « Deligne » de la Place des Ecossais.

                Nous terminerons ce répertoire du monde souterrain Clarysien en citant des témoignages sérieux relatifs à des « muches » à partir d'une cave ou à partir de puits.

                 Mme Largillière Taisne nous a attesté autrefois qu'une « muche » existait dans le puits de sa ferme, rue Asse. Des objets précieux y avaient été cachés avant 1870, et des soldats allemands étaient descendus dans ce même puits durant la guerre 14-18.
                Mon oncle maternel Fernand Farez assurait que de la cave de sa maison, (maintenant entièrement disparue, Place de la Victoire) partait une galerie souterraine « qui allait sous le Fayt ».La galerie avait été obstruée et condamnée au niveau du pignon de la maison.
                Durant la guerre 14-18 encore, pour les cacher à l'occupant qui les réquisitionnait, des vélos furent cachés dans des galeries partant d'un puits situé rue des Agaches « entre chez Adolphe Toilliez et chez Fernand Godécaux » : une galerie se dirigeait vers la Place du Fayt, une autre vers le bas de la rue des Agaches Malheureusement pour leurs propriétaires, plusieurs vélos furent perdus à la suite de l'affaissement d'une galerie.

 

Il est impossible de dire si les dernières galeries mentionnées faisaient partie d'un réseau organisé. Nous laissons rêver le lecteur ....

 

 Henri MONTIGNY, juillet 2005.

 

 

dernière mise à jour de cette page : 07 janv. 2007