Arthur MILLOT

   Mort pour la FRANCE  

 

Qui était Arthur MILLOT ?
D'un point de vue strictement familial, Arthur MILLOT était un grand oncle. Il était marié à Marie BOURLET, sœur de mon grand père.

 

horizontal rule

 

A été pris par les gaz en août 1918 et est décédé sous les bombardements le 28 septembre 1918.

extraits de l'acte de décès : "Acte de décès de Arthur MILLOT, soldat de deuxième classe au cent unième régiment d'infanterie, compagnie hors rang immatriculé sous le n° trois cent quatre vingt seize, du recrutement d'Avesne, classe mil neuf cent quatre/.../décédé à l'ambulance 13/20 stationné à la Veuve, Canton de Châlons-sur-Marne, le vingt huit du mois de septembre, à treize heures trente minutes, des suites de blessures de guerre, "Mort pour la France"/.../."

 

Citation :

Est cité à l'ordre du Régiment :

MILLOT Arthur mle 396, C.H.R.
"Brave sapeur pionnier, d'un dévouement et d'un 'cran' à toute épreuve.
Depuis 3 ans sur le front, y a toujours fait vaillamment son devoir.
Une blessure."
Pour extrait conforme
En Guerre, le 12 juin 1918
Le Lt Colonel de Benoist comm. le 101 R.I.

ci dessous, son portrait datant de son service militaire (1905-1907)

horizontal rule

Arthur MILLOT est le 8ème enfant d’une famille de 11. Il n’a certainement pas été très longtemps à l’école.
Il écrivait comme il pensait, et de la même manière qu’il devait s’exprimer.
Sur son dossier militaire, il est écrit en degré d’instruction 2, donc il savait lire et écrire.

Très tôt lors de la Première Guerre Mondiale, il écrira à toute sa famille, et s'inquiètera pour ses proches et notamment son fils Gilbert et sa fille Berthe. Malheureusement beaucoup de ses courriers seront détruits car on ne pensait pas jusqu’à encore récemment que cela pouvait avoir son importance dans une généalogie familiale, afin de comprendre quelle était la manière de vivre de nos ancêtres et surtout ce qu’ils ont pu vivre.

 

  Jeudi 19 novembre 1914
Cher frère et chère sœur,

.../...Je vous dirais qu'il fait très froid depuis 2 jours. Il gèle à pierre fendre.
Moi je n'ai pas trop à me plaindre.../...je couche dans un grenier. Ma fois ce n'est pas si dure que de coucher dans les tranchées avec de l'eau jusqu'au genoux.../... 
Je n'ai pas encore reçu de nouvelle de Clary, le 23 il y aura 3 mois que je n'ai plus entendu parler d'eux. Je vous assure que je m'embête beaucoup pour mes deux petits mioches. Je me demande si sont encore vivants.../...

 

 
Permission à Paris du 24 au 31 décembre 1915.

Miltaires assis : à gauche Arthur MILLOT, à droite Jules BOURLET
Jules BOURLET est le beau frère d'Arthur MILLOT.
Pas d'identification pour les deux hommes derrière.
 

 

 

Arthur sera blessé par une roue de chariot.
Son dossier militaire parle du 21 janvier 1916, hors dans son courrier du 2 janvier 1916 il parle déjà de sa fracture de la cheville.
Dans les papiers qui ont été gardés, il est indiqué fracture bi-malléolaire.
Il restera loin du front pendant quelques temps, à Narbonne dans un hôpital temporaire.

Il dira à sa famille :
« Ne vous faites pas de mauvais sang pour moi, car moi le plus peur que j’ai c’est de guérir trop vite. »
Sous entendu guérir trop vite c’est retourner au front et probablement y rester.

En février 1916 sur du papier à l’entête de la Croix Rouge il écrit :
« …/… Autre chose je crois qu’il va se passer quelque chose sur le front, car nous avons des inspections depuis une quinzaine de jours par des généraux, des majors de tous grades et des inspecteurs civiles pour voir si il n’y avait pas de tireurs aux flancs. Mais dans ma salle nous sommes des blessés. Il n’y a qu’un seul qu’il va sortir, mais pour se faire réformer, voilà 10 mois qu’il est blessé.

Bref si il sont pour faire quelque chose, qu’ils se dépêchent pendant que je suis ici à l’abri et au chaud. J’aurais une frousse de retourner sur le front vous ne pouvez pas vous faire une idée. Tant que j’étais sur le front, je n’y pensais pas, mais depuis que je suis arrivé dans ces beaux pays que tout il est tranquille, pas de canon, ni de bombes d’aéroplanes, ni de coup de fusil.

Ca me semblerai dur de retourner dans ce carnage ; surtout cette année je crois que ça sera encore plus terrible car il va falloir en finir, car les hommes en ont assez. Coûte que coûte il faudra en finir…/… »
« …/… Je termine en vous embrassant tous les quatre de loin.
Je préfère vous embrasser de loin que d’aller le faire de près car lorsque j’irais en perme, ça sera mauvais pour moi.
Plus longtemps ici, ça vaudra mieux pour moi …/… »

Arthur est, pourrait on dire ravi de son sort :
« …/…/ Jamais je n’aurais pensé avant la guerre d’aller aussi loin, moi j’en suis contant d’avoir eu la cheville cassée, autrement je n’aurais jamais vu la mer, ni tous les beaux endroits où j’ai passé. »

Il est clair d’après ses écrits que cette guerre était une véritable boucherie, il l‘évoquait déjà dans un courrier de mai 1915 :
« .../...Je suis en repos pour 8 jours à Moulainville, c'est près de Verdun, et après demain nous partons pour les avant-postes.../...
 Auguste Goulois est en train de faire un terrassement pour faire un four pour brûler les soldats tués. On a peur des épidémies, car ce n'est que des morts entre les lignes allemandes et les lignes françaises.../... »

N'ayant pas eu tous es courriers, je ne sais donc à quel moment il retournera au front, mais le 27 juillet 1917 il est à Tépail dans la marne entre Reims, Epernay et Châlon sur Marne.

En Janvier 1918 il est au Mont Haut à l’est de Reims.

Le 19 août 1918 il ne précise pas le lieu où il se trouve mais indique à sa nièce Andrée :
«…/… Moi ma santé est assez bonne, mais je me fais beaucoup de chagrin car je suis dans un très mauvais secteur ; beaucoup de mes camarades sont malades pris par les gaz.
Le pire c’est qui en a qui sont pris dans les parties. Encore aujourd’hui il y en a un que ses parties sont toutes brûlées. C’est affreux.
Moi ça va pour le moment, mais j’ai bien peur d’en avoir autant. il y en a qui sont tout brûlé jusque sur le corps. Moi ça me prend dans le nez et aux yeux.
Pour le reste tout va bien, et depuis quelques jours, ils ne sont plus si mauvais…/… »

Cette lettre du 19 août 1918 est la dernière d’Arthur MILLOT figurant dans les archives familiales.

 

Dans ces archives figurait cette lettre dont j'ignore le destinataire :

Aux Armées, le 28 7bre 1918 

Cher Monsieur, 

Je viens de recevoir un paquet de lettres, que vous même avez renvoyées à votre frère Arthur.
Ces lettres ont voyagées un peu partout, je me vois donc obligé de vous les réexpédier.
Maintenant Cher Monsieur, nous n’avons aucune nouvelle précise au sujet du sort de notre Cher et Brave camarade Arthur.
Je puis quand même vous annoncer qu’une demande de médaille militaire vient d’être faite pour lui.

Je vais faire tout mon possible pour mieux vous renseigner

Bien à tous

Auguste Larivière
Cal Bombardier au 101e
CHR Sect 38

 

 

La lettre suivante a été envoyée par Eugénie MILLOT, à Marie BOURLET épouse d’Arthur.

Dimanche 17 novembre 1918
Paris,
Ma chère Marie
 

A l’instant que nous recevons votre carte daté du 26 octobre et votre lettre du 29 octobre.
Chère Marie que nous sommes heureux de recevoir de vos nouvelles.
Augustin est venu passer quelque jours avec nous. Il a été voir son grand-père et son frère qui travaille dans une ferme avec son oncle de St Quentin.
Placide, Emile et Augustin sont partis ce matin pour Clary en pensant que vous étiez rentrée.
Le Boër est arrivé voir Rosa, et c’est lui qui nous a dit que vous deviez être rentrée.
Pauvre Marie, vous jugerez de notre chagrin, le bruit a couru que vous étiez vous et vos enfant tués dans une cave, avec Cadie et Rosa.
Vous dire le double chagrin et les pleurs que nous avons versé le jour de la victoire, qui n’était pas victorieuse pour nous.

Jacques Goulois est à Salonique, je le crois en bonne santé.

Ma pauvre Marie c’est une mauvaise nouvelle que je dois vous dire, notre pauvre Arthur a été pris des gaz le 28 Août et mort le 28 septembre.
Quelle peine ma pauvre Marie, lui qui voulais tant nous voir à chaque permission parlait tant de vous et ses chers petits. Sa dernière permission est du mois d’août, il l’a passé avec Pierre Leducq et Pierre a été tué peu de temps après Arthur.
Pauvre Marie, je voudrais bien aussi vous voir, nous causerons de notre cher disparu.
Pour les autres frères ils sont tous en bonne santé.

Maintenant Marie, Millot Rigo va se renseigner pour nous réclamer si toute fois l’on peut, mais je crois que Clary n’étant pas détruit, que c’est à Clary que l’on nous fera retourner.

Placide a été sur la tombe de notre malheureux Arthur, il est enterré à Chalons. Je pense y aller bientôt, mais hélas personne ne pourra nous le rendre.

Marie embrassez bien Gilbert et Berthe, Cadi, Rosa pour nous, et ma pauvre Marie recevez avec toutes mes consolations, si c’est possible de vous consoler un peu, un gros baiser de votre belle soeur qui pense bien à vous et aux enfants.

Impossible de vous en dire davantage aujourd’hui.

Eugénie Millot.

Voici l’adresse de Goulois Jacques au 8e Génie, Poste Radiotélégraphique, E. B. armée d’Orient, Secteur 508.
Pour Placide et Emile je vous les donnerez plutard car leur adresse vont bien sur changer.
Donnez nous de vos nouvelles.
Millot Andrée et Marie Claisse qui se demandent ce que leurs familles sont devenues vous embrassent bien fort.

Millot Leneutre
40 rue de Belleville
Paris

 

 

Les restes d'Arthur MILLOT seront rapatriés du cimetière militaire de La Veuve (51) au cimetière de Clary en mars 1922.

Gilbert, et Berthe, les enfants d'Arthur, seront adoptés par la Nation.
Cette mention figure sur leur acte de naissance.

 

horizontal rule

 

Un grand merci à Bernard Wilmant (†), petit fils de Millot Arthur, pour le prêt des documents concernant son grand-père.

 Philippe BOURLET

 

dernière mise à jour de cette page : 06 nov. 2022